Page:Laprade - Œuvres poétiques, Les Symphonies, 1878.djvu/294

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Il sait, au jour fatal, de l’orgueilleux géant
Percer le crâne avec sa fronde.

L’esprit de Dieu, souvent, a suscité sa voix,
Et la harpe obéit à cette main hardie ;
Et le rude pasteur lance, à travers les bois,
La prière et la mélodie.

Ainsi, quand le printemps met la sève en éveil,
Le vieux chêne attendri se dilate en sa force,
Et l’arbre aux flancs noueux fait jaillir au soleil
Un miel blond de sa noire écorce.

Mais nous, ô voyageurs, plus haut ! montons encore
Cet escalier des monts par où descend l’aurore.

Les plus âpres sommets et le front le plus fier,
Où les noirs ouragans grondaient peut-être hier,
Pour qui sait les atteindre et pour qui sait y lire.
Ont aussi leurs saisons de fleurs et de sourire.
L’amant de l’impossible atteint seul ces hauteurs,
Connaît seul ces rayons et ces vives senteurs.


LA FLEUR DES CIMES.


Cueillez sur la cime austère
Cueillez, au prix des périls,
La fleur pure et salutaire
Qui tient à peine à la terre,
La fleur aux parfums subtils.