Non, ce n’est pas un rêve, un fantôme, une flamme
Que mon ivresse allume et qu’éteindront les vents !
Esprits qui me parlez vous êtes bien vivants ;
Je vous vois, je vous sens au toucher de mon âme !
Je dépouille à vos pieds ma faiblesse et mon deuil ;
Sur l’échelle d’azur que vous avez gravie
Vous me tendez la main… et j’ai touché le seuil
Du monde où vous vivez la véritable vie.
V
Rends-moi mes ailes d’or et marche désormais
Sur la route commune ;
Et va combattre, armé de l’esprit des sommets,
La foule et la fortune.
Lorsque errant, comme toi, sous l’arceau des sapins.
Où fument les résines,
On a mêlé son cœur dans mes temples alpins,
À tant d’âmes divines ;
Que les saints et les forts et l’ange des hauteurs
Vous ont parlé sans voiles ;
Qu’on a de l’infini respiré les senteurs
Et lu dans les étoiles…