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Page:Laprade - Œuvres poétiques, Les Symphonies, 1878.djvu/55

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Cette parole vit ; c’est l’âme, c’est la voix
De toute créature ;
C’est l’amour que tu sens, la beauté que tu vois
Au fond de la nature.

Cherche donc le désert quand tu vas poursuivant
L’esprit qui renouvelle,
Poëte, et, chaque été, plonge-toi plus avant
Dans la source éternelle !



III

LES DEUX MUSES




à mon ami ulric guttinguer



L’AVEUGLE.

L’aveugle a deviné que la Muse, ô pasteurs,
Conserve encore ici deux jeunes serviteurs ;
Démêlant de vos voix l’harmonieuse trame.
Déjà dans votre accent j’ai lu toute votre âme.
Vous êtes doux et fiers ; et, puisque vous chantez,
Enfants, vous honorez les dieux et respectez
Les vieillards qu’on méprise en ces jours de délire ;
Car toutes les vertus sont filles de la lyre.
Vous m’exaucerez donc : je fus poëte aussi ;