Page:Laprade - Œuvres poétiques, Les Voix du silence, 1880.djvu/175

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D’ardeur plus invincible à servir son pays
Mettra l’orgueil sacré des devoirs obéis...
Tu le sais, et toi seule, ô mère de la force,
Toi qui des voluptés foules aux pieds l’amorce,
Et, gardant un sang pur aux générations,
Fais croître et fais fleurir les grandes nations ;
Toi par qui la jeunesse est longue au cœur de l’homme,
Toi, Pudeur, qui veillais aux grands siècles de Rome !
Que des lits nuptiaux, sous tes yeux restés saints,
De ses héros de bronze as tiré les essaims ;
Toi qui des bras guerriers durcis les nobles fibres,
Toi qui seule maintiens ou fais les peuples libres,
Vertu des vieux Latins dans leurs jours triomphants,
Tu le sais ; viens l’apprendre à leurs derniers enfants !


X

L’ombre d’un bois, tombant du coteau sur la grève,
Abrita des adieux l’heure cruelle et brève.
Après qu’ils sont partis et l’amante et l’amant,
Un homme du taillis s’éloigne lentement,
Sous ses longs cheveux blonds pâle ; un orage interne
Trouble l’azur vitreux de son œil fixe et terne ;
Il semble ne pas voir et marcher dans la nuit ;
A son morne flambeau quel rêve le conduit ?

C’est Herman. Dans cette ombre, à midi rare et douce,
Le chasseur s’endormait affaissé sur la mousse,
Mais une voix connue a fait fuir le sommei