Page:Laprade - Œuvres poétiques, Les Voix du silence, 1880.djvu/180

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Avec son premier sang et sa suprême flamme,
Marco ! ce nom jaillit et précède son âme ;
Tombant sur les genoux et les bras étendus,
Elle a vécu pour voir ses adieux entendus,
Et son amant couché sur la fatale grève,
Et cette chère main, qui vers elle se lève,
Semble chercher la sienne, et, sur l’étroit canal,
Se balance et s’affaisse en un dernier signal.

Mais entre ces deux cœurs tout obstacle s’efface,
Car la mort vient entre eux d’anéantir l’espace ;
Et, loin d’un monde esclave, unis selon leur vœu,
Ils s’aiment librement dans les jardins de Dieu.
Quelle terre a gardé leur cendre et leur mémoire ?
Qu’importe, ô jeunes gens oublieux de la gloire !
Laissez leurs noms, leur cendre au vent se disperser,
Si vous n’avez pour eux que des pleurs à verser.


II UN SOIR D-ANS LES ALPES Parez-vous pour ses yeux, Alpes enchanteresses ! De vos charmes sacrés ne lui dérobez rien. Et versez dans son cœur les sublimes ivresses