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Page:Laprade - Œuvres poétiques, Les Voix du silence, 1880.djvu/207

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L’art la grave dans ses symboles,
Dans les actes et les paroles
Elle vit et règne en tout lieu ;
Un souffle envoyé sur la terre,
Renouvelant sa face entière,
Fait tout à l’image de Dieu.

Car l’avenir qui s’édifie,
L’espoir de nos travaux puissants,
Notre but, que tout sanctifie,
Ce n’est pas l’âge d’or des sens.
Oui, le seul progrès véritable
£st dans la loi plus équitable,
Est dans l’idéal mieux compris ;
Dans la paix chère à la sagesse
Qui distribue avec largesse
La lumière à tous les esprits.

Les bruits du siècle en vain t’effraient ;
Poëte qui vis par le cœur,
Sur tous ces chemins qui se fraient
C’est Dieu qui passera vainqueur.
Ceux qui travaillent à ces voies
Ne rêvent que charnelles joies,
Ivresse, orgueil et vils plaisirs ;
Pour eux la nature asservie
M’est qu’une table mieux servie,
Un lit pour leurs prochains loisirs.

Répandez cet impur présage,
Vous que flatte un tel avenir ;
Et vous qui dévorez notre âge,