Page:Laprade - Œuvres poétiques, Les Voix du silence, 1880.djvu/213

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Quand la Muse a besoin, pour un jour de parure,
D’air vif et de soleil et de chaude couleur,
Elle demande, ailleurs, son luxe à la nature,
Mais elle a pris, chez vous, ses vrais biens dans le cœur.

Le cœur ! c’est la lumière et la moisson féconde,
C’est la source d’eau vive où l’on est rajeuni;
Il t’offre, à toi, poëte, un monde, un vaste monde…
L’univers est borné, le cœur est infini.


VI

BÉNÉDICTION NUPTIALE SUR LA MONTAGNE


À mon ami B. de Saint-Bonnet.


Ami, Dieu se complaît dans votre œuvre et dans vous ;
Il vient de l’attester par un signe bien doux :
Il vous a fait connaître, il vous a donné celle
En qui, dès ici-bas, son sourire étincelle,
La main qu’il vous fallait, même à vous sage et fort,
Pour garder votre cœur du désir de la mort ;
Et l’homme cette fois a, sans erreurs étranges,
Mêlé deux noms unis au livre d’or des anges,