Page:Laprade - Œuvres poétiques, Les Voix du silence, 1880.djvu/217

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De notre intime sève a nourri ton jeune âge
Sous le regard de Dieu.

Si ton livre aux penseurs enseigne les mystères
De l'hymen des esprits,
C’est qu’en nos entretiens, sous ces forêts austères,
Tu les avais appris.

Ta main pétrit chez nous tes robustes ouvrages
Du granit des sommets,
De la moelle du chêne et du feu des orages
Qui ne dorment jamais.

Tout homme simple et droit, et dont le cœur écoute
Tes hauts enseignements,
Croit entendre parler, sous la céleste voûte
Nos vagues instruments.

Tu retrouvas chez nous le Verbe qui fait vivre
Et que l'homme a banni ;
Comme sur nos sommets on respire en ton livre
Un souffle d’infini.

Car c’est la même voix que, sous nos grands ombrages,
L’homme écoute en rivant,
Et qui dans les cœurs purs et les âmes des sages
A son écho vivant.

Viens ! nous serons aimés par ta douce compagne
D’un amour filial ;
Viens, Dieu même a dressé sur ta chère montagne,
Votre lit nuptial !