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LIVRE DES ADIEUX.


Sites chéris, chers compagnons,
Amis sans peur et sans reproche,
Je veux dire ici tous vos noms…
Il faut s’arrêter… l’heure est proche.

Mais, au bord de l’éternité,
Tant que je suis encor moi-même
Tout mon cœur vous sera jeté
Tout dans ces seuls mots : Je vous aime

Assez !… quitte en paix ce bas lieu
Plein d’espoir, d’un espoir immense.
J’ai fini… me voilà, mon Dieu !
Je m’abandonne à ta clémence.


Septembre 1879.



V


A LA PATRIE


A MON AMI LE Vte  CAMILLE DE MEAUX


I


Que t’importe d’entrer dans la terre promise,
Si tu vois sur ses tours nos drapeau triomphants ;
Si du haut de l’Horeb tu peux, avec Moïse,
Montrer d’un doigt certain la route à nos enfants ;

Si tu sais, dans ta foi, qu’une vertu se fonde,
Que ton dernier combat fut gagné sur le mal,