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LE LIVRE D’UN PÈRE.


Et, si noire que soit la brume,
À leur sourire familier,
Une vive clarté s’allume
Dans mon cœur, dans mon atelier.

Ma nuit, ma triste nuit s’envole ;
Leur voix douce m’a raffermi
Avec cette simple parole :
« Père, avez-vous un peu dormi ?

Longtemps je les garde embrassées :
Et quels bons rires entre nous !
Mais voilà mes deux empressées
Qui s’échappent de mes genoux.

Car on veut tout remettre en place,
Livres, papiers, tout l’attirail,
Pour que l’ordre et la bonne grâce
Ornent ma table de travail.

L’encrier, garni de ses plumes,
M’invite et prend un air charmant ;
Sur mes rayons les gros volumes
S’alignent par enchantement.

Sus les bronzes de l’étagère,
Sur les cadres d’or du trumeau,
Comme une hirondelle légère
On fait voltiger le plumeau.

La bruyère, en sa porcelaine,
Le tapis et ses larges fleurs,