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LE LIVRE D’UN PÈRE.


De leur humble carrière ils sont sortis augustes ;
La lumière aujourd’hui pleut du front de ces justes.
Tandis que nous luttons, cherchant notre avenir,
Ils lèvent, de là-haut, leurs mains pour nous bénir !



I


LE GRAND-PÈRE


Voici l’aïeul, voici mon père au doux visage ;
Le cœur d’un chevalier et la raison d’un sage !
Il a connu, chéri les aînés d’entre vous,
Et vous avez joué quatre sur ses genoux.
Ses traits sont-ils restés dans vos jeunes mémoires ?
Gardez-les bien ! ainsi que mes vieilles histoires,
Et les tendres conseils, les baisers, les secrets
Que vous avez reçus devant ces chers portraits.
Pour chauve et blanc qu’il soit, admirez sur sa face
La fraîcheur, la clarté, signes de bonne race.
Un sang vif et léger, et riche de soleil,
Anime de sa peau le fin tissu vermeil ;
Cette lèvre sans fiel, d’une grâce infinie,
Mince et ferme, au besoin lancerait l’ironie ;
Cet œil plein de douceur, mais qui semble attristé,
Limpide, a ses éclairs d’ardeur et de gaîté.

Vieux Français d’autrefois, en sa forte croyance
Inflexible, il avait, pour autrui, l’indulgence.