Page:Laprade - Œuvres poétiques, Pernette, Lemerre.djvu/263

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
253
LA RUCHE.


La terre est pleine de merveilles,
La nature est belle en tout lieu ;
Posez-vous, comme des abeilles,
Sur toutes les œuvres de Dieu.

Allez, chacun selon sa force,
Mais sans perdre l’ardeur jamais ;
Percez des fleurs la tendre écorce,
Volez de la plaine aux sommets ;

Avec la libre fantaisie
D’un esprit jeune et curieux,
Que chacun pille l’ambroisie
Dans la fleur qu’il aime le mieux ;

Sur les pêchers de nos collines,
Au bord des étangs, sur les joncs,
Sur la ronce autour des ruines,
Et sur le lierre des donjons.

Au moindre calice allez boire,
Au moindre ruisseau, s’il est pur,
Dans le grand fleuve de l’histoire,
Dans l’urne du poète obscur.

Imprégnez-vous de toute chose
Bonne à distiller cire ou miel,
De la poussière d’une rose,
Des pleurs d’une aube dans le ciel.

Puis, chères âmes dispersées,
Apportez-moi, chaque printemps,