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LE LIVRE D’UN PÈRE.


Alors, bénissant Dieu de mon œuvre achevée,
Heureux d’ouvrir l’espace à ma chère couvée,
Je songe que le jour du combat va venir
Pour eux, et qu’il s’agit pour moi de bien finir ;
Et je me réjouis par-dessus toute chose,
De laisser après moi des soldats à ma cause,
Au droit, à l’idéal, à tout ce que je crois ;
Des fidèles, enfin, au Dieu mort sur la croix.
Le passé disparaît dans ce rêve suprême,
Et je sens tout mon cœur, détaché de moi-même,
S’envoler vers mes fils dans ces champs lumineux,
Pour vivre de leur vie et s’absorber en eux.


Avril 1866.