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LE LIVRE D’UN PÈRE.


À plus de cent ans en arrière
Du jour où vint mon fils aîné,
On posait sa première pierre…
Et c’est là que mon père est né.

Ce toit sacré, je le respecte !
J’aime à l’embellir en rêvant ;
L’antique aïeul son architecte
Fut un soldat, puis un savant.

Cadet de race, un peu rebelle,
Il préférait aux grands partis
Femme sans dot, mais bonne et belle :
C’est d’eux que nous sommes sortis.

Dieu nous a gardé leur demeure,
Honorez donc, à votre tour,
Ces murs où j’appris, de bonne heure,
La paix, le travail et l’amour !

J’y passai trop peu de journées :
Le devoir m’appelait ailleurs,
En d’autres sphères moins bornées,
Mais d’où l’on ne sort pas meilleurs :

Naguère, écoliers, dans l’attente,
Vos congés vers l’humble manoir
Vous ramenaient chez la grand’tante
Toute heureuse de vous avoir.

Là, plus rien n’était à la mode
Et j’y trouvais une douceur :