Page:Laprade - Œuvres poétiques, Pernette, Lemerre.djvu/55

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.







CHANT QUATRIÈME


PIERRE ET PERNETTE



Sur les monts dentelés un trait de feu serpente
A l’orient ; la nuit règne encor sur leur pente.
Entre les sommets noirs et le ciel qui rougit
Le sillon d’or au loin s’élance et s’élargit.
Tout à coup, émergeant d’une cime encor sombre,
Laissant la plaine immense et les coteaux dans l’ombre,
Par-dessus les brouillards, le disque du soleil
Darde aux monts opposés des teintes de vermeil.
La tête des sapins s’embrase la première ;
Toute la forêt baigne, enfin, dans la lumière ;
Aux angles des rochers la flamme en se heurtant
Fait jaillir du granit un rayon éclatant.

Un homme assis là-haut, immobile, en extase,
Comme un bronze au soleil brille sur cette base ;