Aller au contenu

Page:Laprade - Œuvres poétiques, Psyché, Lemerre.djvu/117

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Et payé d’un grand prix, selon vos saints décrets,
L’orgueil prématuré d’un dieu vu de trop près ?
Des larmes de ce dieu la richesse immortelle
N’a-t-elle pas baigné le ciel même pour elle ?

« Ah ! c’est le temps de rendre à ce cœur éprouvé
Son époux et l’Olympe, à l’amour réservé.
Fidèle à cet hymen qu’elle connut à peine,
À travers les douleurs de sa carrière humaine,
Son souvenir jamais n’abjura l’idéal.
Pleurant l’amant perdu plus que son propre mal,
Sous ses haillons d’esclave ou sa pourpre splendide,
Son cœur en a toujours gardé la place vide ;
Et les trésors qui font tout homme ambitieux,
Sans effleurer son âme, ont passé sous ses yeux.

« Dans l’Olympe avec moi permets donc qu’elle habite,
Et que le lit d’hymen, d’où l’épouse est proscrite,
De son lin parfumé lui rouvrant les douceurs,
Pour nous en ces jardins se dresse entre les fleurs.
Qu’elle goûte au nectar que les déesses boivent ;
Que la danse et le chant et les jeux la reçoivent ;
Sa voix et sa beauté la font digne du ciel :
Elle n’y rompra pas l’accord universel.

« Si donc je suis ta vie et ta joie, ô mon père !
Et du grand chœur des dieux le charme nécessaire ;
Si leur puissance augmente alors que je souris,
Et si l’Amour absent, le ciel même est sans prix,
Ô père ! et vous, ô dieux ! pour que l’Amour vous reste,
Recevez à jamais dans l’empire céleste