Page:Laprade - Œuvres poétiques, Psyché, Lemerre.djvu/241

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Bruits d’ailes et de voix, bourdonnements confus,
Chantent avec le vent dans les rameaux touffus ;
Des feuilles, des gazons, des mousses remuées,
Insectes et vapeurs s’envolent par nuées ;
À travers la verdure et dans un clair-obscur,
Comme des gouttes d’or, et d’argent, et d’azur,
Jaillissent violier, liseron et pervenche ;
La rosée en anneau s’empourpre à chaque branche,
Et des troncs, réchauffés par ce regard du ciel.
Court sur la noire écorce un blond sillon de miel.
Ainsi, lorsqu’à travers les plantes sans culture,
Rayon d’une clarté plus intime et plus pure,
Hermia paraissait, sous ses yeux pénétrants
Les esprits des forêts jaillissaient à torrents,
Et tout ce qu’à nos sens, sous le soleil visible,
Cvbéle en ses replis garde d’inaccessible,
Ces bruits intérieurs plus féconds et plus doux
Que l’âme seule entend, se révélaient à nous.
Alors c’était parmi les choses réjouies
Un réveil des splendeurs sous la forme enfouies,
Des âmes le concert entendu sous les corps,
Une apparition de leurs secrets ressorts,
Et Dieu manifesté nous laissant apparaître
Quelle est dans le grand Tout la raison de chaque être.

Dans la nature ainsi je prenais des leçons ;
Sur les pas d’Hermia parcourant les saisons,
J’épelais sous son doigt les divins caractères
Dont la vie a formé les mots de ses mystères ;
Et, lisant le symbole en tout ce monde écrit,
J’apprenais à percer les voiles de l’esprit.
Tous deux interrogeant les eaux vives ou lentes,