Une poussière d’or jaunit les étamines,
Des sucs plus nourrissants abreuvent les racines,
L’épi laiteux jaillit et s’enfle sur le blé,
Le nombre des bourgeons sur la branche est doublé
Et, dans le sein des fleurs apportant des délices,
Un doux vent l’un sur l’autre incline nos calices.
Ce qu’alors nous puisons dans la terre ou le ciel,
En nos veines devient parfum, couleur et miel ;
La lumière et la sève à nos tiges affluent…
O roi jeune et fécond, les plantes te saluent ! »
« Il est des jours sacrés, des jours que nous aimons,
Où la source descend plus pure au pied des monts ;
Où, sur le sable fin, sans pluie et sans tourmente,
L’onde semble dormir, et pourtant suit sa pente.
Alors, nul flot n’écume et ne gronde en marchant ;
Le peuple des forêts s’égaie à notre chant ;
Le vent ne jette rien que fleur et vert feuillage
Sur l’argent des graviers, sur l’or des coquillages ;
Et mille êtres, mêlés par un amour fécond,
S’agitent sous les eaux sans en troubler le fond.
Et tu seras béni des sources éternelles,
Toi qui gardes le calme et la fraîcheur en elles ;
Toi qui, dans un seul lit, sais faire parvenir
Toutes les gouttes d’eau se cherchant pour s’unir ;
Toi par qui nous sentons, en notre onde ravie,
Descendre la lumière et palpiter la vie. »
« Oh ! tout ce que j’entends et tout ce que je vois,
Oiseaux, sources, forêts, mystérieuses voix,