Page:Laprade - Essais de critique idéaliste, Didier, 1882.djvu/69

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les secret de la nature et réussit à la dominer ; à mesure que l’homme renonce à chercher le divin au-dessus de l’univers et de lui-même, et qu’il cesse d’adorer, il s’empare pour son propre compte des vieux attributs de la Divinité, il se sent devenu Dieu.

L’art passe de l’empire des religions sous celui de la science, à moins qu’il ne soit destiné à s’évanouir avec la religion elle-même et la jeunesse de l’humanité, comme c’est l’opinion de plusieurs. On admet en général qu’il subsistera, non plus avec son caractère dogmatique et révélateur d’un idéal désormais aboli, mais comme un vulgarisateur de la science, ou comme instrument et ornement de la politique, ou, surtout, comme entrepreneur des voluptés sociales. Dans toutes ces hypothèses, serviteurs de la science, expression d’un besoin inné d’émotions factices de plaisirs délicats, concours prêté par l’imagination à la propagation des idées, fleur de la richesse et du bien être croissant parmi les hommes, l’art est soumis à la lois [sic] du progrès ainsi que tout le reste ; et si le progrès ne l’abolit pas, chaque siècle, en vertu de ce même progrès, lui doit apporter une perfection nouvelle.

Constatons, dès l’abord, que la question de l’histoire des arts est une des plus gênantes pour la doctrine de la perfectibilité fatale et indéfinie. Aucune des écoles qui la professent n’a donné, que nous sachions, sur la philosophie de l’art, de théorie précise et complète. Nous entreprenons ici d’examiner