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Page:Laprade - Les Symphonies - Idylles héroïques, Lévy, 1862.djvu/107

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L’air libre du désert, où jadis, en rêvant,
Tu pansais tes blessures,
Brûle aujourd’hui ta lèvre ; et les baisers du vent
Sont pour toi des morsures.

Souffrir, toujours souffrir ! du travail, du repos !
Le feu qui te dévore
Circule sourdement de ton âme à tes os,
Et Dieu l’attise encore.

Tout croule autour de toi ! rien qui fasse espérer ;
L’antique foi succombe.
L’air du siècle où tu vis est triste à respirer
Comme une odeur de tombe.

Toute vie est douleur ; tout gémit ici-bas,
La nature et toi-même.
Connais-tu des échos où ne résonnent pas
La plainte et le blasphème ?

Pleure sur ce qui meurt et sur ce qui grandit ;
C’est ta loi ; pleure, ô maître !
Et lance l’anathème à ce monde maudit,
A Dieu qui t’a fait naître