Page:Laprade - Les Symphonies - Idylles héroïques, Lévy, 1862.djvu/240

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S’il te faut gras pâturage,
Lit de fleurs et tiède ombrage,
Retourne avec les troupeaux ;
Fuis ces rocs où le pied saigne ;
L’amant des hauteurs dédaigne
La richesse et le repos.

Jamais, au prix d’une chaîne,
Je n’ai dans la tourbe humaine
Accepté l’herbe ou le pain.
La liberté seule est douce ;
Avec elle un peu de mousse
Prise au tronc d’un vieux sapin.

Sous un joug, fût-il de soie,
Mon cou jamais ne se ploie
Comme celui du chevreuil ;
Et jamais une caresse
N’éteint, quand mon front se dresse,
Le feu sombre de mon œil.

Le chamois noble et sauvage,
Vivant au nid de l’orage,
Mourra fidèle aux sommets.
Le chasseur qui suit ma trace
Peut exterminer ma race…
Mais l’apprivoiser, jamais.