Page:Laprade - Les Symphonies - Idylles héroïques, Lévy, 1862.djvu/303

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Livre deuxième


 
La prison de Konrad est sombre ; éclairs funèbres,
Ses regards de courroux sillonnent les ténèbres.
Soldat vaincu d’un droit qui succombe avec lui,
Et doutant de ses dieux, insultés aujourd’hui,
Il maudit cette foule au cœur bas et frivole,
Qui fait du crime heureux une insolente idole.
Blessé sous le drapeau dont il porte le deuil,
II saigne dans sa chair, comme dans son orgueil.

Mais son mal le plus âpre est dans l’âme elle-même ;
C’est un vide rongeur à la place où l’on aime,
Un désir qui survit, couvrant plus d’un remord.
Jeune, il invoque, hélas ! et redoute la mort ;
Indigné de sentir que l’épreuve du glaive
En le laissant vaincu n’a pas tranché son rêve.
Mais un son de voix doux comme la charité
Parvient, dans le cachot, à son cœur agité.