Page:Laprade - Les Symphonies - Idylles héroïques, Lévy, 1862.djvu/311

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La ronce aux mille dards dont ta chair a saigné ;
Son charme a pénétré dans ma douleur que j’aime ;
De fleurs et de parfums je sens mon front baigné.

Oui, c’est là Béatrix ! ses pleurs et son sourire
Réveillent en mon cœur d’ineffables accords ;
Et l’éclair de ses yeux, dardé pour me conduire,
Me lance vers le ciel et m’arrache à mon corps.

Qu’importe le passé ! je sens tomber mes chaînes ;
Comme d’un frais berceau je sors de ma prison ;
Je respire, déjà, dans les saisons prochaines,
Un souffle d’infini qui passe à l’horizon.

Partons, ô Béatrix, je te suis dans la nue !
Mais je veux, pour ta gloire, écrire, auparavant,
Sur les murs du cachot où je t’ai reconnue :
« Entré mort en ces lieux, Konrad en sort vivant. »