Page:Laprade - Les Symphonies - Idylles héroïques, Lévy, 1862.djvu/328

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Je vois mes horizons et mes regards s’étendre ;
Un glaive mieux trempé s’affermit sous mes doigts ;
Plus fort dans mes périls, je reste aussi plus tendre,
Et sais mieux me donner, partout où je me dois !

Quand elle sent mon cœur qui gronde et qui déborde,
Elle en calme les flots, mais sans lutter contre eux ;
Elle sait diriger, en sa miséricorde.
Ce trop-plein de l’amour sur tous les malheureux.

Va, mon cœur et mes sens te resteront dociles ;
Guide-moi vers ton ciel, à travers cent combats ;
Montre-moi le chemin des vertus difficiles
Et dont la récompense est ailleurs qu’ici-bas.

Près d’une autre que toi, cette soif qui m’altère,
Dans un oubli moins pur et moins audacieux,
Eût imploré l’ivresse et le miel de la terre,
Mais à toi, Béatrix, on demande les cieux.

Le dieu que l’on poursuit à travers toute femme,
L’Éternel invisible à mes yeux s’est montré,
Éclairant, tout à coup, des sphères de mon âme
Où le soleil encor n’avait pas pénétré.

Béatrix, ô lumière, à toi de me conduire !
Ne me retire pas ce rayon qui m’a lui ;