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Page:Laprade - Les Symphonies - Idylles héroïques, Lévy, 1862.djvu/335

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Livre quatrième


 
L’exil n’interrompt pas l’hymen de deux pensées
Et les fêtes du cœur une fois commencées.
Lorsqu’un amour sans tache a fait deux âmes sœurs,
Rien ne les sèvre plus de ses chastes douceurs.
Malgré les océans, les steppes, les montagnes,
Elles vont, dans la vie, ainsi que deux compagnes,
Comme aux soirs de printemps, où, sous les églantiers,
Leurs bras s’entrelaçaient, dans les étroits sentiers.
Toujours dans quelque étoile, au fond des zones bleues,
Échangeant leurs regards à des milliers de lieues,
Et choisissant, tous deux, le ciel pour leur miroir,
En Dieu toujours présent ils sauront se revoir ;
Avec les mêmes mots priant aux mêmes heures,
Ils s’embrassent en lui, comme dans leurs demeures ;
Et vont s’y répéter, en leurs actes de foi :
« Regarde, ami, je souffre et m’embellis pour toi. »