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Page:Laprade - Les Symphonies - Idylles héroïques, Lévy, 1862.djvu/363

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Aux buissons printaniers tout en cueillant des roses,
Vous saviez des hauts lieux gravir l’âpre chemin,
Et pour vous y conduire, amants des saintes choses,
Elvire ou Béatrix vous prenait par la main.

Vous les suivrez encor sur la route choisie !
Vous gardez pour flambeau leurs regards fiers et doux ;
Celui qui cherchera la fleur de poésie
Ne la pourra cueillir, s’il n’est pareil à vous.

Aimez votre jeunesse, aimez, gardez-la toute !
Elle est de vos aînés l’espoir et le trésor ;
Portez-la fièrement, sans en perdre une goutte ;
Portez-la devant vous comme un calice d’or.

Peut-être on vous dira d’y boire avec largesse,
D’y verser hardiment le vin des passions ;
D’autres vous prêcheront l’égoïste sagesse
Qui rampe et se réserve à ses ambitions.

Mais aux vils tentateurs vous serez indociles !
La Muse vous conseille, et vous saurez choisir :
Restez dans le sentier des vertus difficiles ;
Votre âge a des devoirs plus doux que le plaisir.

A vous de mépriser ce qu’un autre âge envie,
Tout bien et tout renom qu’on acquiert sans efforts.