Page:Laprade - Les Symphonies - Idylles héroïques, Lévy, 1862.djvu/371

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II


 
Jusqu’au champ suspendu sur cet étroit rocher
Où le chamois et l’aigle osent seuls se percher,
Quel sentier a conduit, dans sa longue escalade,
Depuis ce toit qui fume au pied de la cascade,
Le hardi laboureur qui fait si haut moisson ?
Quel oiseau lui prêta son aile et sa chanson ?
Quelle occulte vertu, sous ses mains familières,
Fait jaillir tous les ans le bon grain de ces pierres ?
Ses bœufs n’ont pu le suivre ; et, seul dans le granit,
Il retourne en suant son fer que Dieu bénit ;
Seul dans ces hauts sillons étayés de murailles
Il a porté la herse et le sac des semailles.
Le sol même est son œuvre. Au grain blond et vermeil
Dieu n’a rien pour sa part fourni que le soleil.
L’homme a seul amassé sur le roc qui l’appuie
Ce champ aérien repris par chaque pluie.
Toi-même, ô laboureur, toi seul as, sur tes reins,