Page:Laprade - Les Symphonies - Idylles héroïques, Lévy, 1862.djvu/392

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Tu viens comme au pied d’un autel qui brille
Devant mon bûcher te mettre à genoux ;
Pourquoi, dans ton cœur, mon nom d’humble fille
Entre les plus grands est-il le plus doux ?

Si tu m’invoquas, pauvre paysanne,
Entre tous les saints de mon cher pays,
C’est qu’au fond des bois et dans ma cabane
Ces saints me parlaient, et que j’obéis.

C’est qu’à leur appel j’ai dit, sans murmure,
A ma mère en pleurs un suprême adieu,
Pour aller porter, sous ma blanche armure,
L’âme de la France et l’esprit de Dieu.

Dieu m’a tout donné, ma force et mes armes,
Pour Tes grands combats là-haut résolus ;
Je n’avais à moi que mes douces larmes,
Et mon faible cœur… Tu n’as rien de plus !

J’ai lu dans toi-même au pied de ces chênes,
Où tu viens rêver encore aujourd’hui ;
Ton âme inégale aux luttes prochaines
Ne peut rien sans Dieu… mais tout avec lui !

Cherche donc ta force et ton vrai courage
Dans l’ardent amour au pied de l’autel,
Dans l’esprit qu’exhale, au jour de l’orage,
Un peuple embrasé par le vent du ciel.