Page:Laprade - Les Symphonies - Idylles héroïques, Lévy, 1862.djvu/53

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ADAH


Que ton sourire est beau sous ce grand front sévère 1
Comme il invite bien à l’amour, à l’espoir !
Ainsi, sous le grand chêne où tu m’as fait asseoir,
J’ai vu, dans un rayon, s’ouvrir la primevère.

Un charme, ô bien-aimé ! m’enchaîne auprès de toi ;
Mes yeux semblent contraints à chercher ton visage.
Et pourtant, à tes pieds, je sens un vague effroi
M’arriver de ton front, s’il y passe un nuage.

Ton aspect a des dieux la grâce et la fierté,
O mon bel inconnu ! mais aussi leur mystère.
Tes doux regards, souvent mêlés d’éclairs austères,
M’apportent la tristesse avec la volupté.

Quel enivrant parfum autour de toi voltige !
Hier, tu m’offris des fleurs aux étranges contours ;
Des signes merveilleux sont peints sur leur velours,
Et, quand je les respire, il me vient un vertige.

Tu m’as parlé souvent d’une terre aux fruits d’or ;
Tu voudrais la revoir et l’habiter ensemble ;
Je suis prête à t’y suivre… et malgré moi je tremble…
Sous l’aubépine en fleur, ami, restons encor.

Je veux cueillir encor les genêts de nos landes ;
Laisse-moi du vieux temple en orner les piliers,