Plus doux que les raisins dont tu bois la liqueur,
Un breuvage, émané des rayons et des feuilles,
Sans passer par ma lèvre enivre aussi mon cœur.
L’oiseau n’a pas de chants, dans sa voix printanière.
Divins comme les bruits du silence écouté.
Les clartés que je vois en fermant la paupière
De l’aube orientale effacent la clarté.
Surtout j’aime, ô campagne ! en tes vertes retraites,
L’asile et l’ornement qu’à nos amours tu prêtes ;
Tu répands à plaisir tes parfums sur le lit
Où dorment les amours, car l’amour t’embellit.
Pour qui n’y porte pas l’image d’une amante
Les champs mettraient en vain leur parure charmante ;
De mille fleurs, en vain, le vallon est semé ;
Nulle terre n’est belle où Ton n’a pas aimé.
Mais l’amour s’est sevré de voluptés sans nombre,
S’il n’a connu jamais les bois, la mousse et l’ombre ;
Si jamais, au printemps, sous ses fraîches splendeurs,
Un vallon des plaisirs n’abrita les ardeurs.
Oui, qui n’a pas, à deux, marché par les prairies,
N’a jamais su du cœur les douces rêveries.
Oui, malgré les baisera, les pleurs, les noms touchants,
Nul ne sent bien l’amour s’il ne le goûte aux champs.