Page:Laprade - Les Symphonies - Idylles héroïques, Lévy, 1862.djvu/133

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Et qui toujours reflète un peu du vrai soleil,
Quand ta plaine assombrie est en proie aux orages.

Tu n’as que trop, aussi, d’infimes régions,
Noirs marais dont chacun cache une hydre rampante ;
Chemins à tous venants, où la fange serpente,
Et qu’en troupeaux impurs foulent les passions.

Oui, ta vallée ouverte est basse, humide, obscure,
O cœur par les désirs, par l’ennui fréquenté !
Mais vous savez, mon Dieu, si l’humaine souillure
Jusqu’au sacré sommet a jamais remonté.

Parfois une vapeur sort d’en bas et le cache :
Je ne vois pins briller sa neige à l’horizon ;
Mais elle reste vierge, ô divine raison !
Ta splendeur reluira sur ce glacier sans tache.

Nul impur voyageur du pied ne l’a terni.
A l’homme inférieur par moments invisible,
O région sereine où siège l’infini,
Ta cime aux passions demeure inaccessible !

C’est toujours l’Alpe vierge an front éblouissant,.
Dont la chute buteur ne. peut être abaissée,
Tabernacle où de Dieu réside la pensée,
Échelle de cristal par où l’esprit descend.

Oui, j’ai gardé ta neige en ma fierté suprême ;