Page:Laprade - Les Symphonies - Idylles héroïques, Lévy, 1862.djvu/246

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ssiège.
Sur sa froide raison malheur à qui s’endort !
Ne tiens pas pour sagesse et vrai repos de l’âme
Ton impassible orgueil, cette lueur sans flamme ;
La pâle indifférence est la sœur de la mort.

Mais va ! sous ta froideur qui n’est rien qu’un mensonge,
Un souci noble et pur à ton insu te ronge ;
Un amour doit renaître en ton cœur agité :
Celui par qui notre âme, en son printemps vivace,
Se couvre encor de fleurs dans ces déserts de glace…
Viens l’apprendre avec nous : son nom est charité !

Viens ! tu n’auras de paix que dans le sacrifice ;
Goûte au moins les douceurs de ton amer calice
L’homme, tu le sais bien, n’excelle qu’à souffrir ;
Mais il peut de -ses maux faire sa joie intime,
Si du prix de son sang il sauve une victime.
Tu serais épargné si tu voulais t’offrir,

Si tu voulais monter sur la hauteur sereine
Où s’éclipsent les sens, où l’âme est souveraine,
Non pour fouler aux pieds tes souvenirs d’avril,
Non pour t’ensevelir sous la neige qui tombe
Et prendre ton orgueil pour chevet de ta tombe…
Mais pour rester debout au poste du péril.

Nous n’avons pas si haut porté notre demeure
Pour y rêver sans vivre et devancer notre heure,