Page:Laprade - Les Symphonies - Idylles héroïques, Lévy, 1862.djvu/71

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Les corbeaux ont senti le parfum de la mort.
Ils viennent, enhardis en leurs instincts funestes ;
De nos belles saisons ils dévorent les restes,
Croassants et rongeurs, et pareils au remords.

Là, les débris sanglants du coursier plein d’audace
Dont le vol idéal nous portait dans l’espace ;
Ici, le chien fidèle à son maître oublieux ;
Là, le cygne plaintif et la tendre colombe…
Bien, corbeau ! fais rouler sur cette fraîche tombe
Ce crâne chauve et blanc dont tu crevas les yeux.


ADAH


Hier, je vous pleurais ; je désirais peut-être,
O mes jeunes saisons, revoir vos jours si doux ;
Maintenant je dirais, si vous pouviez renaître :
Fuyez, ô mes printemps ! je ne veux plus de vous.

Je vous connais trop bien pour songer à revivre !
Je sais trop à quel but mènent tous les chemins ;
Je sais quel est le fond du vase où l’on s’enivre ;
Je sais, ô mes beaux jours ! quels sont vos lendemains.

Et toi, que viens-tu faire en ces mornes ténèbres,
Image encor chérie et qu’en vain je veux fuir ?
Je ne dois pas te voir à ces clartés funèbres ;
J’aime mieux t’oublier… Il faudrait te haïr !