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Page:Laprade - Les Voix du silence, 1865.djvu/130

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Et, pour ce cœur jadis épris de solitude,
Dans ce vide éternel que le voyage est rude !

Tout à son cher ennui, des vallons aux sommets
Il marchait sans compter, ni s’arrêter jamais ;
Et la lune, déjà, s’éteignait dans l’aurore
Qu’il rêvait de sa dame et cheminait encore.
Mais de son bon cheval il eut enfin pitié.
Son palefroi, c’était sa plus vieille amitié !
Il saute, et, le flattant, du harnais le dégage.
Un ruisseau leur offrait la verdure et l’ombrage ;
Et, tandis que Bayard tondait l’épais gazon,
Assis, les yeux perdus dans le vague horizon,
Sans quitter le haubert, la cuirasse et l’écharpe,
Le chevalier chanteur se souvint de sa harpe.
Toutes les fleurs s’ouvraient dans les prés d’alentour ;
Tous les nids s’éveillaient et saluaient le jour.