Aller au contenu

Page:Laprade - Les Voix du silence, 1865.djvu/169

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Toi qui les rajeunis, toi qui me renouvelles,
Amour, n’es-tu donc pas quelque chose de Dieu ?

Comme tu nous remplis de vigueur et de sève !
Comme, à travers l’espace, un essor me soulève !
Pourquoi suis-je investi d’un pouvoir inconnu ?
Dans mon cœur, triste hier, une allégresse abonde ;
Je me sens assez fort pour soulever un monde ;
Entre la vie et moi qu’est-il donc survenu ?

Est-ce un œil qui sourit, une main que je presse,
La longue tresse d’or qui flotte et me caresse,
Est-ce un plus doux accent de cette voix de miel,
Un pli plus gracieux de cette lèvre rose,
Est-ce la beauté seule, une aussi frêle chose,
Qui fait d’un homme un ange et de la terre un ciel ?

Ah ! si rien n’était là, dans ce moment suprême,