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Page:Laprade - Les Voix du silence, 1865.djvu/172

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Ils auraient, oublieux du ciel et de la terre,
Épuisé leur bonheur sans honte et sans mystère ;
De soupir en soupir, dans l’ineffable tour,
Ils auraient consumé leur vie et leur amour,
Si, du rêve et des fleurs s’arrachant la première,
L’ange n’avait parlé, du haut de sa lumière,
De l’humble et saint devoir qui rappelle, ici-bas,
La femme à ses douleurs et l’homme à ses combats ;
Et n’eût au chevalier, étouffant un murmure,
Rendu sa bonne lance et bouclé son armure.

— « Quoi ! partir, disait-il, je me croyais au port ! »

— « L’amour n’arrive au but qu’en traversant la mort ! »

— « Attendons, dans l’extase où notre âme est ravie,
Attendons cette mort sans rentrer dans la vie ! »