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Page:Laprade - Les Voix du silence, 1865.djvu/175

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Si lointain que tu sois, je t’attendrai toujours.
Je serai là, toujours, prêtant l’âme et l’oreille,
A cent exploits nouveaux dont le bruit m’émerveille.
Seule, entre les créneaux de ma blanche prison,
Je te verrai venir du bout de l’horizon.
Va ! nous aurons encore ici de douces heures ;
L’effort qui les paiera nous les rendra meilleures ;
Et l’enivrant jardin, chastement visité,
Gardera pour nous deux sa mystique beauté.
Tu ne m’ôteras point de mon château d’ivoire ;
J’y serai ton repos et tu seras ma gloire.
De l’invisible dame en prison dans ses fleurs,
Tu porteras bien haut les discrètes couleurs ;
Tu voudras recevoir, de ses mains toujours pures,
Un laurier à ton front, un baume à tes blessures,
Et tu me béniras, doucement prosterné,
Pour ce que je refuse et ce que j’ai donné. »