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Page:Laprade - Les Voix du silence, 1865.djvu/213

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Sans doute aux jours d’enfance où l’on gémit sans causes,
J’aimai trop vos déserts de l’amour d’un banni ;
J’ai trop oublié l’âme en embrassant les choses,
J’ai trop méprisé l’homme au nom de l’infini.

Mais la vie a pour moi peuplé vos solitudes
D’êtres chers et sacrés, de bonheurs sans remords,
J’y rencontre en fuyant les viles multitudes
Des âmes que j’y cherche et l’esprit des grands morts.

Mais que je vienne ici pour rêver ou pour vivre,
Ou seul, ou deux à deux dans un oubli profond,
C’est toujours l’infini, sur vos monts, qui m’enivre ;
C’est toujours Dieu qui parle et l’amour qui répond.

Puis, quand il faut descendre et lutter dans les plaines,
Là-bas, dans leurs cités, dont le sang teint les flots,