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Page:Laprade - Les Voix du silence, 1865.djvu/228

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Toujours des voix en foule acclament ton supplice ;
Toujours, pour le subir, tu redescends du ciel.
Au pied du Golgotha, dans ton amer calice,
Chaque siècle en passant vient exprimer son fiel.

On t’ôte, on te redonne un sceptre dérisoire
Qui sert à te meurtrir sur tes âpres chemins ;
Et Pilate, impassible en son hideux prétoire,
Livre le sang du juste et s’en lave les mains.

Nous, indignes témoins de la grande agonie,
Réveillés par trois fois, nous dormons lâchement ;
Et plus d’un faible ami se cache ou te renie
Et ne t’avouera Dieu qu’à son dernier moment.

Donc tu mentais à l’homme, au ciel qui te délaisse :
L’arrêt en est porté par la foule et ses rois,