Page:Laprade - Poèmes évangéliques, Lévy, 1860.djvu/114

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Or, mon cœur conservait ce qu’il venait d’entendre.

« Dès lors, auprès de nous, toujours soumis et tendre,
Vous vivez en bon fils, Seigneur, et partagez
L’humble abri de ce toit qu’en un ciel vous changez ;
Votre amour souriant sur nos douleurs y brille ;
Vous gagnez de vos mains le pain de la famille ;
Par vos travaux constants son sort est adouci ;
Depuis trente ans, Seigneur, nous vous gardons ainsi.
Pour son œuvre aujourd’hui que l’esprit vous réclame,
Tout mon bonheur de mère échappe de mon âme ;
Car d’un monde ennemi je sens déjà les coups :
Au calice de fiel je m’abreuve avant vous.
Malheur aux flancs choisis pour porter un prophète !
La volonté de Dieu, cependant, sera faite ;
Allez, quoique mon sang, hélas ! puisse en crier,
Faire l’œuvre du maître en fidèle ouvrier ;
Mais pour rendre, en partant, ma douleur moins amère,
Mon fils et mon Seigneur, bénissez votre mère. »

L’homme que la colombe, aux yeux de Jean charmé,
Baptisait dans l’éclair du nom de bien-aimé,
Courba son front puissant que ceindront les épines,
Prit les mains de Marie entre ses mains divines,
Lui parla longuement d’un retour éternel,