Page:Laprade - Poèmes évangéliques, Lévy, 1860.djvu/127

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Mais lui s’arme en priant d’une force paisible,
Il tient son cœur tourné vers le père invisible,
Et, l’homme intérieur dominant ce concert,
L’esprit parle en son sein plus haut que le désert.
Nuit et jour il entend sa parole profonde,
Nuit et jour il répond, n’écoutant rien du monde ;
Sans ouïr les serpents pas plus que les oiseaux,
Ou l’invitation des arbres et des eaux.
Sa pensée est ailleurs ; et, perçant tous les voiles,
Monte sans s’arrêter même autour des étoiles,
Et parcourt sans effroi ces lieux éblouissants
Où l’homme n’entrera que dépouillé des sens.

Ainsi, pour voir le Dieu fermant les yeux au temple,
Père ! c’est bien vous seul qu’il cherche et qu’il contemple,
A genoux sur le sable aux brûlantes lueurs,
Sur les gazons baignés de sang et de sueurs.
C’est là qu’abolissant toute humaine doctrine,
Tout aiguillon charnel brisé dans sa poitrine,
Mieux qu’entre les docteurs de Thèbe ou de Sion,
De la lumière vraie il eut la vision,
Et connut, sans terreur ni mouvement superbe,
Qu’en toute plénitude il possédait le Verbe.