Page:Laprade - Poèmes évangéliques, Lévy, 1860.djvu/141

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Ils venaient de Satan effacer les vestiges :
Et les noirs souvenirs que, même à son vainqueur,
Le sombre Esprit du mal laisse toujours au cœur.
Ils montraient à Jésus, en leur divin langage
Où l’action vivante unit au son l’image,
Tout le bien qu’opérait sur terre, en ce moment
Chaque juste avec lui concourant librement.
Des secrètes vertus lui déroulant le drame,
Ils faisaient, devant lui, passer toute belle âme.
Ce qu’il verrait lui-même, en son propre horizon,
S’il n’eût d’un corps humain accepté la prison,
A cette heure il le vit dans les discours des Anges,
Et sa chair frissonna de ces clartés étranges.
Il voyait, des soleils harmonisant l’essor,
Se croiser dans l’azur leurs mille rênes d’or,
Et courir par les airs les germes impalpables
Des mondes à venir plus nombreux que les sables,
Et l’immense nature en son ordre éternel,
Suivre un chemin tracé par le doigt paternel ;
Et l’ordre plus parfait qu’établit en soi-même
L’âme qui suit sa loi librement et qui l’aime ;
Tout ce qu’en naissant homme il renonçait à voir,
Tout ce qu’il sauvera de l’infernal pouvoir.

Dans l’âme humaine, ainsi, quand tout orgueil s’abdique,