Page:Laprade - Poèmes évangéliques, Lévy, 1860.djvu/171

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Et nul ne s’aperçoit, dans ce peuple en délire,
Que le Seigneur absent manque à l’humain navire ;
Et tous ont oublié, comme s’il était mort,
Celui qui sait la route et tient les clefs du port.

Nous laissons tous, hélas ! jusqu’au péril extrême,
Le guide intérieur dormir en nous de même.
Quand souffle un heureux vent, quand le monde est ami,
Nul ne songe au patron sur la barque endormi ;
Et souvent une main faible, inhabile, infâme,
Tient au jour du danger le gouvernail de l’âme.


II

Voici l’écueil ! l’assaut des flots inattendus
Dont les cieux consultés nous auraient défendus !
Voici le grand orgueil qu’aucun orgueil ne dompte,
L’Océan qui rugit, la mer, la mer qui monte !
Qui pourra l’abaisser, la superbe des eaux ?
Homme ! un autre que toi guide au port les vaisseaux.
Toi, tu sais, dans le chêne ou l’or que tu découpes,
Tu sais tailler leurs flancs et festonner leurs poupes ;