Page:Laprade - Poèmes évangéliques, Lévy, 1860.djvu/173

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Dès le premier éclair, dès le ciel nuageux,
La peur folle a chassé le fol entrain des jeux.
A menacer les chefs chacun met son courage ;
La haine gronde à bord aussi haut que l’orage ;
La hache fratricide y court dans chaque rang,
Et, quand la vague en sort, elle est teinte de sang.


III

Mais, ô divin pilote ! en ce lâche tumulte
Quelques hommes encor te conservaient leur culte,
Et, malgré ton sommeil, tu leur étais présent.
Ils savent la vertu de ton nom bienfaisant,
Ce nom qui, prononcé dans l’horreur du naufrage,
Te rappelle au timon et conjure l’orage.

O maître, éveille-toi ! c’est l’heure où le danger
Consterne le marin comme le passager.
Maître, aurais-tu quitté ce navire où tout tremble ?
Ah ! c’est presque à la mort que ton sommeil ressemble !

Éveille-toi, pilote, et viens chasser l’orgueil,
Cet impur nautonier qui nous mène à l’écueil.