Page:Laprade - Poèmes évangéliques, Lévy, 1860.djvu/195

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Quand l’amour le plus pur sous maints voiles se cache,
On te porte au grand jour comme un écu sans tache.

Oh ! bonheur de donner ce nom sacré d’ami,
Présage de vertus en deux cœurs affermi !
Outre sa conscience avoir un autre juge,
Contre son propre cœur se créer un refuge,
Un témoin qui vous suit, vous conseille en tout lieu ;
A qui l’on se confesse et l’on croit comme à Dieu ;
Qui, resté clairvoyant quand notre esprit s’enivre,
Bonne un rude conseil et nous aide à le suivre ;
Et, si nous faiblissons, devenu triste et doux,
Du juste châtiment pleure avec nous, sur nous ;
Le seul qui puisse, avec ses mains tendres et pures,
Sans irriter le.mal, toucher à nos blessures !

Amitié ! nœud charmant que tressent les douleurs,
Beau jour qui, bien souvent, se lève au sein des pleurs,
Amitié ! toi qui peux, sans autres espérances,
Faire un double bonheur en mêlant deux souffrances.

Soleil de tous climats et de toute saison,
Douce chaleur au cœur, lumière à la raison,
Amitié ! tu ne luis que sur les grandes âmes ;
Jamais un œil impur ne réfléchit tes flammes,