Page:Laprade - Poèmes évangéliques, Lévy, 1860.djvu/275

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Quand d’un fils à Marie il a légué les soins,
Et fait, pour adoucir leur veuvage éphémère,
Au frère de son cœur le don d’une autre mère.

Car un homme, avec vous, que je n’ai pas nommé,
Jusqu’au dernier soupir suivit le bien-aimé ;
Il recueillit son sang ; et, seul de douze apôtres,
A côté de la croix mêla ses pleurs aux vôtres ;
C’est Jean, le plus doux cœur et partant le plus fort.
Tous les enseignements sont cachés dans ta mort,
O Christ ! et d’un exemple, , en toutes tes souffrances,
Tu vins pour confirmer nos plus chères croyances ;
Tu voulus qu’aux martyrs d’un monde sans pitié
Il ne fût pas permis de nier l’amitié,
Et qu’aux pieds du Calvaire, où sa vertu se prouve,
Jean leur fût annoncé lorsque Judas s’y trouve.
Jean, ce front pacifique et ce cœur tout de feu,
L’homme à qui, sans serment, l’on croit comme à son Dieu,
Dont l’âme à nos bourreaux ne s’est jamais cachée
Et reste comme l’ombre à notre âme attachée ;
Cet ami, qu’au matin si vous nous le donnez,
Avant le soir, souvent, vous nous le reprenez,
Seigneur ! car si nos pleurs là-haut tournent en joies,
Vous êtes bien cruel, ici-bas, dans vos voies !