Page:Laprade - Poèmes évangéliques, Lévy, 1860.djvu/298

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Ne se boit que là-haut, dans l’immortalité.

Heureux ceux qui verront cette cité nouvelle,
L’invisible Sion que l’esprit nous révèle !
Ce seront les vainqueurs dans les rudes combats
Qu’impose aux fils d’Adam la cité d’ici-bas ;
Car, ô Christ, consacrant la douleur sur la terre,
Vous vîntes apporter non la paix, mais la guerre.

Votre ville, où l’on vient par des sentiers étroits,
Garde, ici-bas, la forme et l’esprit de la croix ;
Chaque homme d’une croix s’y revêt quand il entre ;
Sur la pierre, debout, une croix brille au centre,
Et sur le monde, à flot, versé dans ce saint lieu,
Coule éternellement le sang de l’Homme-Dieu.

Autour de cet autel où l’amour mit ses flammes,
S’exhalent, jour et nuit, tous les parfums des âmes :
Les larmes du remords, les soupirs innocents,
Le sacrifice obscur dont Dieu goûte l’encens,
Les modestes vertus dont lui seul sait le compte,
Et les longues sueurs de l’âme qui se dompte.
Là, creusant dans les cœurs pour en extraire l’or,
Les douleurs pour le ciel amassent un trésor.
Là, penché sur nos fleurs, un séraphin recueille