Page:Laprade - Poèmes évangéliques, Lévy, 1860.djvu/302

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Voilà les seuls trésors dont nous soyons avides.

Et le monde nous voit avec des yeux jaloux.
Simple, austère et caché soue quelque toit de chaumes,
Le prêtre est accusé d’usurper les royaumes :
Mon Dieu, pardonnez-leur et ne frappez que nous !

Dès que votre onction fait de l’homme un apôtre,
Son âme ni sa chair ne restent plus à lui ;
Il devient le breuvage et l’aliment d’autrui,
Chacun puise, ô Jésus, à son sang comme au vôtre.

En échange des coups, des rires, des affronts,
Qu’ils prennent de nos mains le pain de la parole.
Pour le salut de tous, trop heureux qui s’immole ;
Daigne accepter, ô Christ, le sang que nous t’offrons !

Pour nous les fers, l’exil et tous les noms infâmes…
Si du moins le troupeau qui nous est confié
Revient à ton bercail, ô Dieu crucifié !
Périsse le pasteur, mais qu’il sauve les âmes !

Oh ! comme il est aisé de porter, ici-bas,
Les travaux, les douleurs, mon Dieu, même la haine !
Mais au prêtre, enchaîné dans sa nature humaine,
Tu réserves, mon Dieu, de plus rudes combats !