Page:Laprade - Poèmes évangéliques, Lévy, 1860.djvu/307

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Nous frappe à coups pressés comme le blé sur l’aire.

La trombe emporte au loin nos ceps déracinés,
Et le sol des coteaux, de ravins sillonnés,
         Enfouit les prés des vallées.
Dans les champs épargnés par les torrents accrus,
Hélas ! je cherche en vain les épis disparus
         Sous les grêles amoncelées.

Vous déchaînez, Seigneur, tous les fléaux des cieux,
Les feux, les vents, les eaux… la foudre éclate et roule
Et frappe sur le roc la maison des aïeux ;
Sur mes derniers troupeaux le toit brûle et s’écroule.

Chars, outils du labour, tout est cendre ou débris !
Devant nous la famine et l’hiver sans abris ;
         Notre désastre est sans mesure !
Enfants ! armez vos cœurs et tombons à genoux.
Seigneur, tu peux pencher ton oreille vers nous,
         Tu n’entendras pas un murmure.

Pour nous garder vivants jusqu’au printemps nouveau,
Nous comptons, ô mon Dieu, sur ta main qui nous frappe ;
Durant les longs hivers elle nourrit l’oiseau ;
Par elle aux durs frimas toujours un grain échappe.