Page:Laprade - Poèmes évangéliques, Lévy, 1860.djvu/323

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Tu ne peux rien sur moi sans l’œuvre de moi-même.
Ta main est toujours là, prête à nous secourir ;
Mais, sur qui la refuse et s’obstine à mourir,
Tu répandrais en vain et la vie et ta grâce ;
Tu peux tout, excepté vouloir à notre place.
L’homme seul qui voulut, qui lutta fortement,
Est capable du ciel, au jour du jugement.

L’homme, argile rebelle au doigt qui le façonne,
Repousse librement l’être que Dieu, lui donne.
Tu ne peux, malgré lui, le frappant de ton sceau,
Le. refaire, ô Seigneur, à l’image du beau.
Il faut que son métal, quand ton brasier s’allume,
Consente à tous les coups frappés sur ton enclume.
C’est la douleur, mon Dieu, qui, de sa rude main,
Pour l’immortalité pétrit le cœur humain.

Tout ton peuple aujourd’hui, délivré de la terre,
Toit de mille clartés resplendir ce mystère ;
Heureux d’avoir souffert, il ne demande plus
Le but de tant de maux qui frappent les élus ;
Il sait qu’ici-bas l’homme, auguste créature,
Souffre, expie et combat pour toute la nature ;
Et qu’acceptant leur croix pour le salut commun,
Avec Jésus martyr les élus ne font qu’un.